Yann Glemarec : Une approche narrative interactive pour les audiences virtuelles

Peux-tu nous dire quelle est ta situation actuelle en matière de recherche ?

Je suis actuellement en thèse, en 3ème année. La particularité c’est que je suis en cotutelle entre le Lab-STICC (ENIB, Brest) et le laboratoire HCI de l’université de Würzburg. J’ai donc moitié du temps en France et moitié du temps en Allemagne, où je suis actuellement. La fin de thèse est prévue pour la fin de l’été 2022.

Peux-tu nous décrire en quelques mots, et de manière accessible aux membres du GDR-IGRV, en quoi tes travaux de recherche consistent exactement?

On utilise le potentiel des agents virtuels (différents des avatars car ils ne sont pas contrôlés par un humain) afin de fournir les meilleurs systèmes d’entraînement ou de thérapie en réalité virtuelle. Un exemple de système d’entraînement est l’entraînement à la prise de parole en public, je travaille souvent là-dessus. Cela marche aussi pour les thérapies, pour les personnes atteintes d’angoisses à la prise de parole en public, du point de vue de psychologie clinique. Si je rentre dans le détail, on utilise le comportement non verbal des agents pour créer des comportements et donc générer des réactions chez l’utilisateur. Ça nous permet de créer des environnements crédibles, plausibles pour les utilisateurs, mais aussi pour les instructeurs et thérapeutes qui eux peuvent mettre en place des scénarios de formations, de thérapies, en utilisant ces « audiences virtuelles », pour entraîner les gens à parler en public, faire des présentations.

Donc du coup la spécificité de tes travaux c’est vraiment d’étudier comment générer cette audience et comment la contrôler?

Oui en fait nous on crée des audiences on fait des études perceptives pour savoir comment les gens perçoivent ces audiences, en terme d’émotions par exemple. « Quelle est l’attitude perçue ? » « Est-ce qu’ils sont intéressés par ce que je dis ? ». Derrière, ce qui nous intéresse c’est de permettre aux instructeurs de contrôler cette perception qu’auront les utilisateurs de l’audience virtuelles pour faire ressentir une émotion particulière.

Il y a donc une dimension assez technique pour développer la plateforme, mais il y a aussi toute la facette perception parce que vous apportez aussi avec un bagage de connaissance sur comment les audiences de la plateforme sont perçues.

Exactement. Nous ne sommes pas une équipe de psychologues, mais nous nous basons sur des modèles de psychologie cognitive de perception des émotions par exemple, comme l’échelle connue de la « valence-arousal ». Ce sont deux axes qui permettent d’un côté d’évaluer, dans ce contexte lié à l’audience (si elle est positive ou négative) et l’arousal correspondrait à son engagement (attentive ou non).

Sur quels types de dispositifs travailles-tu ?

En terme de matériel, on s’est concentrés au début sur les casques de réalité virtuelle. On se sert aussi des CAVEs. On a fait face à des gens ayant des réticences à utiliser les casques de réalité virtuelle et qui préféraient par conséquent ce type de systèmes immersifs, mais le tracking du participant est plus complexe dans ce type de configuration.

Quel est ton résultat de recherche dont tu es le plus fier?

On a réussi à intégrer notre système d’audience virtuelle dans un système qu’on utilise ici pour des étudiants lors d’un cours où ils apprennent à faire des présentations scientifiques, donc typiquement des présentations d’articles. On leur permet de faire un entraînement en réalité virtuelle, comme une conférence virtuelle, et nous ça nous permet de tester nos audiences, pendant deux semestres.

Quelles sont tes perspectives à long terme ? (Après la thèse ou le post-doc, EC, CR..)

(rigole) C’est une question qui est au cœur des échanges avec mes encadrants en ce moment. Pour le moment je me dirige vers la recherche académique. Le plan serait de peut-être me diriger vers un poste d’ATER pour donner un peu plus de cours et pour pouvoir aussi finaliser et poursuivre un peu mes travaux de thèse. J’envisage aussi la possibilité d’un post-doc, sans avoir encore de préférence entre un poste de maître de conférences ou chargé de recherche.

Quelles sont les recherches/expériences/thématiques que tu rêverais d’aborder dans ton laboratoire idéal ?

Si je devais réfléchir à un laboratoire idéal, ce serait surtout un laboratoire cross-disciplinaire. Par exemple j’ai beaucoup aimé pendant ma thèse pouvoir travailler avec des psychologues, c’est super intéressant. J’aimerais continuer dans mon domaine, la réalité virtuelle, mais si possible avec des personnes d’autres domaines comme la psychologie par exemple. J’aime le côté applicable des travaux de recherches, où il y a un potentiel de valorisation assez élevé, comme ici avec un système qui pourra être utilisé dans l’éducation.

Toutes les illustrations de cet article ont été fournies par Yann et le détail de ses travaux est disponible sur son site web.

Rebecca Fribourg
Rebecca Fribourg
Groupe des rédacteurs scientifiques